Le Fort Peter ou plus exactement le Fort de Peter Point (point Peter est également utilisé), est une fortification construite par l'armée américaine en 1795 près du village de Saint Mary dans le comté de Camden en Géorgie. Situé dans une région peu habitée il fut le théâtre d'un affrontement tardif entre l'armée anglaise et les troupes de milice américaine stationnées sur place. L'existence de ce point fortifié fut brève car en partie détruit durant la guerre de1812, il fut réoccupé puis abandonné en 1818.
Un petit fort idéalement situé
Le fort est situé à une embouchure stratégique à la frontière avec l'état de Géorgie et la colonie espagnole de Floride. Il contrôle la rivière Saint Mary, la crique de Peter-point en face de l'île de Cumberland. Sa position verrouille l’accès vers l'ouest à l’intérieur des terres par la rivière.
Initialement construit en 1795, le fort ou plutôt le point fortifié de Point Peter était constitué de renfort de terre et de rondins de bois. Une batterie de 8 pièces de canons, essentiellement des pièces de 12 livres, fut installée. Le site fut abandonné une première fois en 1802 mais le fort et sa garnison eurent à contrer des incursions de contrebandiers ou corsaires espagnols puis français en 1805 ce qui incita à renforcer la position.
Le fort fut réoccupé en 1808. Un blockhaus fut ajouté au système de défense ainsi que des baraquements. Le rôle du fort était alors de renforcer le contrôle du secteur dans le cadre de la loi de "l'embargo Act", et la lutte contre le trafic d'esclaves. Il faut rappeler que la Géorgie est une région de plantation où les esclaves qui travaillaient dans les champs étaient nombreux. La demande de main-d’œuvre était forte et suscitait un marché de contrebande d'esclaves. Si l'esclavage était autorisé dans certains états des États-Unis, dont la Géorgie, la traite des noirs était quant à elle interdite depuis 1808. Mais un fort commerce illégal d'esclaves subsistait.
En plus du fort, le secteur était également défendu par une flottille de canonnières plus utiles pour contrôler les nombreux cours d'eau du secteur. La garnison du fort reçut également l'ordre d'assister toute opération militaire qui serait menée contre les terres espagnoles toutes proches. Lors de la guerre patriotique de 1810 et les incursions de 1813, les forces américaines s'emparèrent de territoires espagnols avec l'aide notamment des canonnières stationnées près du fort Peter.
La garnison du fort était composée de troupes régulières en provenance de Caroline du Nord : le 43rd regiment of US infantry recruté le 29 janvier 1813 et dont une compagnie était affectée à la défense de la position.
Des détails sur la vie de la garnison furent découverts après de récentes fouilles archéologiques. Au travers des nombreux artefacts trouvés comme des ustensiles de cuisine on sait que les conditions de vie étaient difficiles mais que les hommes, en plus de leurs rations, subsistaient grâce à la pêche et à la chasse. Les conditions très humides de leur environnement et les marais voisins étaient, en outre, favorables à l’apparition de maladies, notamment en été avec les moustiques fort nombreux.
L'attaque anglaise de 1815
Peu après la terrible défaite de la Nouvelle-Orléans, les troupes anglaises sous le commandement de l'amiral George Cockburn, ignorantes de la débâcle anglaise en Louisiane, débarquèrent non loin du Fort Peter sur l'île de Cumberland le 10 janvier 1815. Près de 1500 soldats britanniques prirent pied sur cette île dans le but de détruire les défenses de Saint Mary puis d'occuper durablement le terrain empêchant ainsi tout renfort américain de se diriger depuis cette zone vers la Louisiane afin d'aider les défenseurs américains de la Nouvelle-Orléans. La plupart des troupes étaient des bataillons de royal Marines des 1st, 2nd et 3rd battalion. Le 2nd west india regiment était également présent.
Le 13 janvier, 800 hommes attaquèrent le fort et ses 130 à 160 défenseurs (selon les sources) qui furent rapidement submergés. Les britanniques affrontèrent une compagnie du 43rd regiment of US infantry commandé par le capitaine Tatnall ainsi qu'une compagnie du 1st Rifle commandée par le capitaine Abraham M Massias. Le capitaine Barrie prit le commandement de la colonne anglaise et s'approcha du fort. Les Américains dont une partie des troupes étaient restée près des canons, avaient envoyé le reste des deux compagnies tendre une embuscade à la colonne anglaise. Le combat qui s'ensuivit fit une quinzaine de victimes chez les Américains et bien moins chez les Anglais. Tatnall fut blessé au cours de l'engagement. Largement inférieurs en nombre et ayant échoué à stopper l'ennemi, les Américains se retirèrent abandonnant le fort aux Anglais. Ces derniers le détruisirent et retournèrent à leur point de départ.
Le 15 janvier, les Anglais s'emparèrent de la ville de Saint Marys et la pillèrent. Ils récupérèrent à cette occasion deux canonnières et des navires marchands.